Le montage , les trucs utiles en 10 étapes

Tout montage qui se respecte s'organise autour de 10 étapes incontournables :
IMPORTER
ORGANISER
DERUSHER
MONTER ET RACCORDER
TRANSFORMER ET ANIMER
TITRER
MIXER
ETALONNER
EXPORTER
ARCHIVER
1. IMPORTER
Avec la multiplication des différents formats délivrés après tournage sous forme de "paquets", beaucoup de débutants se contentent d'ouvrir le "paquet" et d'importer les fichiers mts contenus dans le dossier Clip en délaissant les autres dossiers indispensables.
Il suffit pourtant de laisser le logiciel de montage décompresser le "paquet" tout seul à l'importation, pour récupérer à la fois l'image et toutes les métadonnées indispensables au montage.
Voici un lien pour checker tous les formats de fichiers multimédias pris en charge par Final Cut Pro ici , par Premiere Pro ici
Les fichiers natifs ne seront pas déplacés, Ils restent sur votre disque dur, là où vous les avez mis, sauf si vous souhaitez transcoder des proxies (ou doublure sur Premiere Pro). Les proxies ? Ce sont des plans dont on baisse la résolution le temps du montage afin d'optimiser le fonctionnement du logiciel de montage.
2. ORGANISER
Monter c'est choisir ! Limiter les possibilités de choix c'est faciliter la prise de décision.

En organisant les plans importés dans des chutiers*, on est certains de pouvoir retrouver rapidement le plan qu'il nous faut.
On peut dès l'importation classer les plans en fonction de critères généraux (images, bruitages, musiques ...) et particuliers (jours, séquences, personnages ...).
Ce "tri" sera affiné lors du dérushage.
* Un chutier est un dossier de montage. Le nom a été attribué du temps de la pellicule. et a traversé l'ère numérique. Un chutier permet de suspendre les chutes et les préserver de la poussière.
3. DERUSHER
Dérusher, c'est prendre connaissance de la matière qui va servir au montage.

Cette étape est fondamentale même si l'on a participé au tournage, car elle va permettre d'évaluer le plan pour ce qu'il est. Le plan rien que le plan ! Le plus difficile dans ce cas là est de se dégager de tout l'affect du tournage, car parfois le plan atteste d'un ressenti au tournage, parfois il en révèle d'autres, à l'insu, et ce n'est pas grave, de ceux qui l'ont tourné !
A ce stade, il est important de préserver
une fraîcheur, un regard neuf sur les plans et ce qu'ils disent. Regarder, écouter.
Le monteur est le premier spectateur du film.
Parmi les outils dont dispose le montage pour classer la matière, se trouvent les codes couleur, la prise de notes, les tableaux, les colonnes de commentaires dans les logiciels, la mémoire (!) et aussi les post it.
Voir le post paru dans ce blog pour approfondir la question du dérushage ici
4. MONTER ET RACCORDER
Le coeur du montage c'est raconter, exprimer, rendre compte et aussi, bien évidemment, de captiver. Il y a tant à voir partout et tout le temps, qu'il faut être percutant et sensible pour se démarquer !
Sélectionner, commencer, finir, couper, coller, insérer, remplacer, déplacer, faire durer ou raccourcir, autant d'actions, autant d'outils, autant de possibilités.
On dit que le montage est la 3ème écriture du film, après le scénario et le tournage. Monter, c'est écrire avec des images et du son, en les sélectionnant et en les assemblant pour raconter une histoire avec un début, un milieu et une fin et autant de séquences. Une séquence est un assemblage de plans autour d'une action et/ou d'un lieu, ou encore d'une idée. Un film est constitué de séquences, elles-mêmes constituées de plans, eux-mêmes constitués de 25 images par seconde (en Europe). L'enjeu du montage est d'optimiser le réglage de tous ces éléments constitutifs du film (image, plan, séquence, film) en les choisissant d'une part et en ajustant la place et la durée de chacun d'autre part, en fonction de leur enjeu propre, qu'il soit narratif, émotionnel ou esthétique.
Pour clarifier la question des raccords (raccord : point de jonction entre 2 plans avec un dénominateur commun, dans le but de créer une continuité, une émotion, une impression), on pourrait dire qu'un bon raccord est un raccord invisible. Même si la question est sujette à questionnement depuis toujours. Il est vrai, qu'historiquement, deux écoles s'opposent : l'école américaine et l'école russe. L'école des studios américains prône inconditionnellement l'invisibilité du raccord en valorisant notamment le raccord mouvement (2 plans s'enchaînent lorsqu'un mouvement identique se produit à l'intérieur de chacun des plans). L'école russe, d'Eisenstein notamment, valorise ce qu'on appelle le raccord de juxtaposition. C'est à dire le raccord qui provoque un choc dans le rapprochement des plans pour créer une idée. Aujourd'hui et depuis longtemps, le montage a fait la synthèse des deux écoles. Toutefois, la question de l'invisibilité du montage est une priorité pour le monteur qui souhaite avant tout raconter, intriguer et captiver, et qui n'a pas intérêt à heurter l'attention du spectateur en enchainant les plans de manière décousue et brutale, sous peine qu'il perde le fil du récit.
Il en va de même pour l'enchaînement des séquences, dont les transitions s'ajustent aussi à l'image près, en douceur ou en jouant les ruptures selon l'effet qu'on veut provoquer chez le spectateur.
L'ensemble de ces variables compose une partition (le film) qui tient compte également des pulsations contenues dans chaque plan, dans chaque séquence et qu'on appelle le rythme ! Ces pulsations ne concernent pas que le son, elles sont aussi visuelles et narratives. Comment sait-on que le rythme est bon ? Voici une citation d'Alfred Hitchcock pour le comprendre. "Si l'attention du spectateur est maintenue tout au long du film, alors vous avez un bon rythme".

Psychose (1960 - Alfred Hitchcock)
5. TRANSFORMER ET ANIMER
Lorsque l'on veut donner de l'importance à un moment particulier dans un plan, le montage dispose de quelques techniques.
Il est courant de réajuster le cadre du plan, par exemple pour accrocher un regard ou se rapprocher d'un visage ou d'un joli geste. Le monteur est donc amené à changer ce qu'on appelle la valeur de plan (les valeurs de plans : Plan de Situation, Plan Large, Plan Moyen, Gros Plan, Très Gros Plan, Insert). Le plus souvent il s'agit de recentrer sur une valeur plus serrée. Un gros plan par exemple, ou faire disparaitre en hors du champ (le champ représente ce qu'on voit à l'écran) un élément perturbateur. Avec l'apparition des formats ultra haute définition (4k, 8k), ce type de manipulations s'effectue sans détérioration visible de la qualité originale (native) du plan, il y a tellement de pixels qu'on peut se rapprocher sans voir d'interstices disgracieux.
Le zoom est aussi un outil merveilleux, qui permet d'apporter de l'intensité à un instant. Tous les logiciels vous permettent de le faire avec des images clés. Une image clé au début de l'animation, une image clé à la fin avec transformation, et le logiciel anime la transformation qui s'opère entre les images clé. Plus loin vers le plus près par ex.
Ne vous privez pas d'utiliser le ralenti, il va sublimer un moment ou le prolonger.
On peut aussi inverser la vitesse en l'ajustant à - 100% (la vitesse normale s'évalue à 100%), ou l'accélérer (+ 200%) quand une action est exécutée de façon trop lente. Ce genre d'ajustements sont le plus souvent totalement invisibles, et c'est à surveiller lorsqu'on les fait, y compris sur le plan technique, en ajoutant une qualité "flux optique" que l'on retrouve