Le dérushage c'est le premier visionnage des rushes par le monteur.
C'est une étape clé qui permet de baliser le film.
Comme une carte topographique où s'affichent progressivement les grands axes, les chemins de traverses ou les impasses.
C'est à la fois un temps d'immersion, de perception et de compréhension pendant lequel le monteur reçoit, évalue, annote, réagit, organise le matériel dont il va disposer pour fabriquer le film.
Pendant le derushage, le monteur se projette dans le film à venir, à la recherche de coups de coeur, d'associations possibles entre les plans, les situations, d'émotions déjà présentes ou à construire.
Voici ce qu'en dit Walter Murch, monteur oscarisé et auteur du livre sur le montage "En un clin d'oeil" éditions Capricci.
"Les rushes sont vus dans l’ordre dans lequel ils ont été tournés, donc il faut composer avec le chaos initial. Mes notes « émotionelles » traduisent au plus près un état proche de celui des spectateurs découvrant le film – état que je ne retrouverai plus jamais par la suite. Il n’y a qu’une seule « première fois"
Curieusement c'est une étape que les débutants n'apprécient pas toujours, elle leur parait laborieuse, alors que c'est une promesse de film pendant laquelle les sens sont en éveil.
Le derushage est cet outil indispensable, qui s'il est fait sans âme peut ressembler à un formulaire administratif, colonnes de chiffres (les repères de timecode) et phrases synthétiques parfois tellement imagées qu'elles paraissent sans queue ni tête (comme le raconte Emmanuelle Jay dans son livre "Plus long le chat dans la brume"), ou alors il peut devenir un objet au design coloré qui permet au monteur d'identifier d'un coup d'oeil les plans et les séquences et leur articulation future dans le film. Stabilos et Post-it !
Pour aller plus loin, vous pouvez lire le compte-rendu de la conférence des monteurs associés sur le sujet "Rencontre avec la matière".
Pour réussir vos projets de films
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